J 16 : Echanges courtois aux étangs de Bassiès !


Aulus : Croix de Lorraine
Aulus : Croix de Lorraine

L’Ariège regorge d’eau. La dernière étape de la traversée des Pyrénées Est va le prouver : 7 laquets et étangs à la clef et de la gadoue partout. Fin août qui plus est !

L’étape du jour démarre à Marc (1010 m), dans la vallée de Vicdessos pour rejoindre celle du Garbet où se trouve la station thermale d’Aulus-les-Bains (775 m). Pour y arriver, il faudra tout d’abord longer les étangs « lacustre » de Bassiès, passer le col du même nom (1933 m et point haut de la journée), puis celui de Salex pour enfin rejoindre Aulus au terme d’une longue descente. Le GPS donnera en fin de journée 23,2 kilomètres de parcourus, 1047 m de dénivelé grimpant, 6h27 de marche effective pour un déplacement total de 8h21. Sans numérique : Que ferait le randonneur ?

Comme si souvent : Légère bruine et brouillard pour cette nouvelle journée. Poncho de sortie. Le GR monte, gentiment, pendant plusieurs kilomètres sur un aqueduc abandonné, le « canal carré », recouvert de dalles en béton. Un parcours bucolique et très fleuri avec une faible pente. Un démarrage « pas prise de tête ». Arrivé au torrent de Bassiès, il s’agit de le remonter. La pente devient plus raide jusqu’à un pont en pierre, une construction assez rare, et ensuite atteindre le premier étang de Bassiès.

Les étangs et laquets du « cirque lacustre » sont alors longés par un sentier qui disparait souvent dans la gadoue. Il faut veiller à ne pas glisser en sautant de pierre en pierre. Au fond, le beau refuge de Bassiès où la mule commande une soupe tomate vermicelle bien chaude. Un groupe se restaure sur place. Sinon, personne. Pour un samedi d’août, il n’y a pas foule.

La mule et l’intello s’accordent 45 minutes de repos et partagent le picnic. Les étapes longues, qu’ils viennent d’enchainer, leur ont appris que, pour aller loin, il faut « ménager la monture ». Départ pour la dernière montée du jour, et la dernière de cette « tranche » des Pyrénées : le Port de Bassiès. Une montée mi-bruine, mi-brouillard.

Dans cette ambiance « écossaise », une jeune femme, très chargée, descend dans notre direction. Ses mollets sont couverts de boue. Echange : « Bonjour, la gadoue ne vous a pas épargnée ». Gênée, elle répond, avec un accent slave, par un mot remarquable : « Oui, je sais. Je ne suis pas très élégante… ». Du tac au tac, l’intello lui réplique, en riant : « N’essayez surtout pas. Vous n’arriverez jamais à rivaliser avec les isards » et sur ce, chacun reprend sa route. L’envie d’en finir avec l’étape. La solitude du randonneur.

Dans la vallée, au gîte, les gérants reviendront sur son passage chez eux : Une russe traversant les Pyrénées, seule, d’Ouest en Est ! Ils en étaient encore tout impressionnés. Elle s’était blessée et, après 2 jours de repos, était repartie. L’intello, de son côté, se demanda s’il ne venait pas de croiser, sans le savoir, la déesse Pyrèneska !

Au col de Bassiès, puis celui de Saleix, toujours la poisse mais, il ne pleut pas. Au-loin, dans la vallée, Aulus-les-Bains apparaît noyée dans la verdure. Descente sur Coumebière. A nouveau, une mine abandonnée sur notre passage. La troisième qui coupe notre route : les anciennes mines de plomb argentifère et zinc d’Aulus-les-Bains. Les érudits vont jusqu’aux romains pour expliquer la présence des mines dans cette région. Les Pyrénées, observées depuis les miradors et belvédères des vallées, paraissent bien figées et immobiles. Pourtant, les hommes, au fil du temps, s’y sont affairés. Pour le meilleur et pour le pire.

Le pire saute aux yeux, au fur et à mesure, que la mule et l’intello approchent d’Aulus. Une croix de Lorraine est tracée sur un rocher au beau milieu de la très belle forêt (presque « primaire ») que longe le GR 10. A l’entrée d’Aulus-les-Bains, un monument, en parfait état, rappelle le cauchemar de juifs assignés à résidence par le Maréchal Pétain et, que les Allemands emmèneront finalement à Auschwitz, le 26 août 1942. Dans le village, une autre croix de Lorraine : « Vivre libre ou mourir ». Un slogan de randonneur. L’Ariège : terre courage, terre de résistance.

A Aulus, le gîte du Presbytère, la dernière nuit de notre Trans’Pyr, sera parfaite. Le lieu est tenu avec goût. La chambre, où l’intello réside seul, une nouvelle fois, est parfumée aux « huiles essentielles » et les bas-flancs, où dormaient les moinillons, très confortables. Le diner, que nous serons 3 à partager, est 100% fait maison : Tarte aux légumes et fleurs de capucine (du jardin de curé), poulet aux champignons et riz agrémenté de fleurs de bourrache (du jardin), tarte à la rhubarbe. Merci Hélène et Christophe pour tenir avec autant de savoir-faire cette halte; une halte où l’âne et l’intello reviendront, avec enthousiasme, en août 2015 pour entreprendre la traversée des Pyrénées centrales.

– par Bernard Boutin

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