J 24 et 25 – Hors-piste aux Encantats : Que du bonheur !


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Les « enchantés »…

Deux jours pour traverser les Encantats. Première étape : rejoindre le refuge « Ventosa i Calvell » en coupant au-travers du Parc National. Pas de sentier, ni de cairn ou de marque de peinture, pendant une grande partie de la journée. Des lacs partout, souvent encore gelés, beaucoup de rocher et de neige. Un décor très sauvage et bien peu champêtre.

Belle montée au Port de la Ratera, puis au rocailleux Tuc (pic) de la Ratera (2864m). Vue magnifique depuis ce bevèdère. Là, les choses se compliquent puisqu’il faut descendre, face à l’ouest, sur une pente raide où les cailloutis n’attendent qu’une chose : filer sous les pieds. Le beau temps rend la descente plus simple. Les bâtons aussi. La neige prend la suite des éboulis et finalement de lac de la Ratera de Colomèrs est atteint. Il est encore partiellement gelé. Des izards nous observent.

Passé le lac, un premier col est atteint. Il conduit au lac « Deth Port de Colomèrs ». Nous y rejoignons un groupe de randonneurs français. Seules personnes que nous croiseront de la journée. Il arrive du refuge de Colomèrs, situé au nord, et fait juste un aller et retour au lac. Dialogue à 2431 m d’altitude :
– « Nous allons au refuge Ventosa i Calvell  et pensons y être à 15h ».
– « Voilà qui est prétentieux ! » réplique du tac au tac une dame (âgée) du groupe.
Etre traité d’ambitieux, quel drôle de qualificatif en ces lieux !
– L’intello lâche alors : « Ambitieux, c’est possible. Mais certainement pas prétentieux ! »
Nous serons en fait au refuge à 16h. Elle savait de quoi elle parlait.

La montée vers le col de Colomèrs (2600m) est le prochain objectif. Le soleil est haut. Il fait très chaud. Les gourdes se vident à toute vitesse. Les deux litres chargés dans les sacs au départ ne suffisent pas. Nous remplissons les gourdes dans les gaves ou les résurgences. Il s’agit principalement d’eau de fonte des neiges. Elle est froide. Il n’y a pas grand risque quant à sa qualité d’autant plus qu’il n’y a ni vache, ni brebis dans les parages. Boire « à la source » deviendra une constante pour la mule comme pour son intello.

D’une façon plus générale, il y a très peu de troupeaux dans cette partie des Pyrénées. Le pastoralisme est bien plus vivant dans la partie française des Pyrénées. Conséquence : durant la traversée des Pyrénées centrales, pas un refuge espagnol ne nous proposera de « fromage du pays » alors que tous les refuges français le feront !

Passé le col de Colomèrs, la descente conduit aux lacs de Colieto et rejoint le circuit de « Carros de Foc » qui amène au Refuge Ventosa i Calvell (2220m). La mule est fatigué par le hors-piste d’une grand partie de la journée.

Du refuge, on retiendra qu’il est en excellent état. Il a été réaménagé récemment. Avec un unique lavabo pour environ 60 places, une douche froide et des WC à la turc, le service est minimum et, il est clair que l’espace est réservé pour ce qui est payant : la salle à manger pour les repas et le dortoir pour les nuitées. Un refuge complet ce soir-là. Un autre effet de « Carros de Foc ».

L’étape suivante continue à traverser le « pays des 1000 lacs ». Rien que pour atteindre le corret d’Oelhacrestada (2521m), à un heure de marche du refuge, le sentier longe les lacs de Travessani, de Clot, des Mangades et des Monges. Longue descente ensuite vers le refuge de la Restanca (2015m), face à son lac -bien entendu- où un « coca » requinquera la mule. Un coca nécessaire car la journée est loin d’être terminée. Remontée ensuite à la Collada Lac del Mar (2497m) après avoir longé le lac du même nom. Aussi grand que la mer !

Un parcours de « montagnes russes » : Départ 2220m, montée à 2521m, descente à la cote 2015, remontée à 2497m pour entreprendre une descente jusqu’au refuge de Conangles : 1006m. Une descente de 1500m de dénivelé tout de même qui se cumule aux 506m entre Oelhacrestada et Restanca. Plein les « pattes » en fin de journée avec, en prime, 23,1 kms de parcourus.

A partir de la collada Lac del Mar, les lacs vont encore continuer à se succéder : Lac Tort de Rius et lac de Rius. A noter le casse tête des noms : les lacs s’appellent « estanh » en Catalogne. Comment s’appellent les étangs ? Quand aux cols, c’est encore moins clair : Collado, corret, port, colh…

Tous ces lacs, n’ont qu’une chose en commun : le nom de « estanh ». Pas un ne se ressemble par sa forme, la couleur de son eau, les reflets qu’on y voit, les paysages qui les entourent. Ce qui les rend unique, c’est leur origine glacière et leur altitude. La terre n’en a pas encore pris possession. La boue en tapisse rarement le fond. L’univers est de roche. Les cailloux, qui s’y reflètent, sont souvent multicolores. Chacun est tout simplement beau.

Passé le lac de Rius, la (très longue) descente vers le val d’Aran débute. Au bas, le tunnel de Vielha et le refuge de Conangles. L’ambiance est tout autre : forêt en haut, estive en bas. C’est la fin des « enchantés ». Une région où l’oeil vibre à chaque instant tant les paysages sont beaux, éclairants, enthousiasmants.

Les Encantats, ils faut (se) les chercher mais ils sont tellement uniques que l’on en oublie très vite l’effort nécessaire pour les découvrir. A faire et à refaire !

– par Bernard Boutin

Nota :
– Le verdict du GPS
J 24 Amitjès – Refugi Ventosa i Calvell : 2,6 k/h, 5h30 de marche, 9h05 de rando, 14,5 kms parcourus, 952m de dénivelé positif
J 25 Ventosa i Calvell – Refugi de Conangles : 3 k/h, 7h40 de marche, 11h10 de rando, 23,1 kms parcourus, 1006m de dénivelé positif
– * J 24 et 25 de la traversée des Pyrénées d’est en ouest de la « mule et l’intello ». Les précédentes étapes, c’est ICI
– Crédit photo : Bernard Boutin

 

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